NOS NOUVEAUX MODES D’ACTION

 

Par Aurélie Charon, Caroline Gillet, Amélie Bonnin

 

Des documentaires radio sur scène : à chaque épisode de nouveaux personnages. Ce soir ils viennent de Sarajevo, Beyrouth, Moscou : nous ne sommes plus à la radio, nous ne sommes plus sur les réseaux sociaux, nous sommes au même endroit au même moment et on a besoin de se parler.

 

De la radio à la scène : depuis 2012, Aurélie Charon et Caroline Gillet prolongent leurs séries documentaires radiophoniques avec la complicité d’Amélie Bonnin pour une expérience de « RADIO LIVE ». Ce sont des séries qui font le portrait d’une jeunesse ni triste ni résignée, qui pense qu’elle a un rôle à jouer pour l’avenir de son pays et la réinvention de nos démocraties.
 
 
Aurélie et Caroline sont parties à Alger, Moscou, Téhéran, Istanbul, Sarajevo, Beyrouth, Gaza, Tel Aviv, Jérusalem, dans plusieurs villes d’Europe et en France pour sonder l’imaginaire et le quotidien de leur génération. Ceux qui ont témoigné sont là : à la parole vivante et spontanée sur scène se mêlent le son des documentaires et les dessins en direct d’Amélie Bonnin. C’est une nouvelle génération au micro : on ne va pas faire de grands discours, on ne va pas tomber d’accord sur tout, mais au moins, on se sera parlé.
 
 
On oppose aux raccourcis et aux phrases toutes faites, des récits de vie. Ces RADIO LIVE sont conçus comme une émission de radio en trois dimensions. Pas tout à fait un spectacle, ce n’est pas une conférence, ce n’est pas une « rencontre », c’est un moment de futur. C'est le contraire d'être résigné. Et chaque fois, une session musicale : ce soir avec Juliette Armanet.

 

Ines Tanovic (Sarajevo).
Originaire de Mostar en Bosnie, issue d’un mariage mixte : un père bosniaque, une mère croate. Inès était enfant pendant la guerre. A 9 ans elle est touchée par un obus. Elle mettra deux ans à remarcher, et aujourd’hui encore elle porte dans son corps le métal qui lui rappelle la guerre. Elle vit à Sarajevo et s’investit dans la société civile pour reconstruire le pays : elle a participé à organiser les « plenums » ces assemblées citoyennes au printemps 2014. Elle a lancé l’initiative « Je suis le musée » pour rouvrir avec un collectif de citoyens, le Musée national en 2015. Elle aide les migrants sur la route des Balkans et va souvent en Grèce. 
 
 
Karam Kafri (Yarmouk/Damas, Syrie). 
Karam a grandi à Yarmouk, ville du sud de Damas où les réfugiés palestiniens se sont installés depuis la fin des années 50. En 2011 il a 18 ans, il passe le bac mais c'est aussi l'année de la révolution en Syrie à laquelle il participe dès les premiers mois. Son père décide de l'envoyer étudier à Moscou car la vie devient trop dangereuse. Il y passe deux ans avant de pouvoir rejoindre sa mère et sa sœur à Marseille. Son père est toujours à Damas. Il vient d'une famille athée, engagée politiquement.
 
 
Nargesse Bibimoune – (Givors, France)
Nargesse a grandi à Givors près de Lyon, sa famille est originaire d’Algérie. Elle s’est mise à écrire des chroniques sur Facebook sur la vie d’un jeune de quartier, YOU : « Dans la peau d’un thug », c’était il y a trois ans. Elle a très vite eu 20 000 lecteurs. C’est devenu un livre, il existe maintenant un tome 2. C’est une langue vivante et multiple, comme elle, qui porte le voile et ses piercings avec la même joie. Elle est militante, féministe, musulmane, écrivain.
 
 
Giorgio a co-fondé le collectif Save Beirut Heritage. Des milliers de jeunes qui avec les réseaux sociaux, alertent en temps réel la destruction du patrimoine architectural de Beyrouth, et tente de préserver les dernières maisons historiques. Giorgio fait partie de la génération que l’après guerre civile a marquée : sa famille a été chassée du centre ville, totalement reconstruit par de grands groupes immobiliers. Save Beirut Heritage est devenu un vrai contre-pouvoir au Liban. Il travaille en ce moment à l’ONU à New York.